Les plantes tinctoriales du jaune

Teinture végétale : quelles plantes pour du jaune ?

Vous souhaitez expérimenter la couleur végétale ? Vous voulez teindre en jaune avec des plantes ?

Partir en promenade, cueillir le long des chemins, quelques brassées de plantes et fleurs. Une fois rentré à la maison, découper menu patiemment les végétaux à l’aide d’un ciseau, d’une cisaille ou d’un sécateur. Les plonger dans l’eau pour une longue décoction avec l’excitation de découvrir la couleur qui va apparaître.

C’est un moment de découverte réellement exaltant !

Sans vouloir gâcher l’effet de surprise, il y a une forte probabilité pour que vous ayez du jaune. Un jaune plus ou moins joli, plus ou moins intense. Le jaune est une couleur locale, grâce à notre flore, riche en flavonoïdes.

Prairie fleurie : fleurs jaunes qui servent en teinture végétale

Le jaune, une couleur qui fait du bien aux plantes et aux hommes

Très présents dans le monde végétal, les flavonoïdes jouent un rôle essentiel pour la plante. Ils colorent les pétales pour séduire les insectes butineurs. Ils permettent aussi à la plante de lutter contre toutes sortes de stress, notamment en se protégeant des rayons du soleil.

Depuis quelques années, la recherche médicale s’y est intéressée. De nombreuses études ont démontré leurs bienfaits pour notre santé grâce à des propriétés antifongiques, antivirales et antioxydantes… Ils joueraient aussi un rôle dans la prévention des risques cardiovasculaires et de certains cancers. D’ailleurs toutes les plantes médicinales contiennent des flavonoïdes.

La nature est généreuse en jaune

Et, comme la nature est foncièrement généreuse, les flavonoïdes, solubles dans l’eau, permettent d’obtenir une jolie palette de jaunes en teinture végétale.

Sans grande surprise, de nombreuses fleurs jaunes offrent en teinture végétale une nuance de jaune. La concentration en colorants et la solidité de la couleur varient d’une plante à l’autre.
La gaude, une des plus connues, est riche en lutéoline. Elle donne un jaune acidulé qui peut virer au jaune d’or en milieu basique. Vous pouvez la trouver plutôt sur les sols en friche, pauvres et calcaires. Autour de chez moi, le sol est plutôt acide. Pour du jaune, je cueille alors la verge d’or, le millepertuis, le genêt, la tanaisie, le pissenlit, le séneçon…

Verge d'Or : utiisée en teinture végétale pour des couleurs jaune
Verge d’or

La nature est trompeuse. Ne vous fiez pas toujours aux couleurs des pétales. Des fleurs blanches ou roses peuvent offrir du jaune : la carotte sauvage, la sarrette des teinturiers, l’origan, la bruyère pour des jaunes orangés.

Les fougères et orties sont aussi intéressantes à expérimenter. Les nuances varient selon la saison et le climat.

Il y également les fleurs que l’on cultive comme la tagète, le cosmos sulfureux, la rudbeckia ou encore le dahlia…

Les feuilles d’arbres ne sont pas en reste, une source abondante de végétaux : figuier, sureaux, frêne, olivier, bouleau… et bien d’autres certainement que je n’ai eu l’occasion de tester.

Le mordançage n’est pas toujours nécessaire

Une chose à savoir si vous voulez faire du jaune avec ces plantes, elles ont besoin d’un mordant. Je vous en ai déjà parlé, le mordançage est une étape préalable au bain de teinture. Il permet au colorant de la plante de se fixer dans la fibre.

Toutefois, la règle n’est pas immuable. Dans le monde des plantes et fleurs, c’est un peu comme dans ma vie d’avant : une règle avec beaucoup d’exceptions. Je m’arrête là pour la comparaison !

A titre d’exemple, l’oignon, riche en quercétine, est un flavonoïde pourvu de nombreuses qualités médicales. Il permet d’obtenir de belles nuances d’ocre jaune sans qu’il soit nécessaire de faire un mordançage.

Teinture Sauvage : Etole de laine jaune réalisée en teinture végétale

Les flavonoïdes ne sont pas avares en couleurs : ils peuvent offrir un joli rose, violacé. C’est grâce aux anthocyanes, un autre type de flavonoïdes, que l’on trouve dans la plupart des fruits rouges : baies de sureaux, mûres, cassis … Une belle couleur, malheureusement fragile, qui vire vite au gris bleuté au lavage.

Mais il n’y a pas que les flavonoïdes qui offrent des jaunes. Vous avez notamment la rhubarbe pour un jaune pouvant tiré sur l’orangé, selon le procédé utilisé. Et le curcuma, certainement le colorant le plus célèbre qui a le petit défaut de pâlir au soleil.

Et pour finir, comme la nature n’a pas fini de nous étonner, vous pourriez trouver une plante aux petites fleurs jaunes pétantes qui fait du bleu sans besoin de mordant.

C’est le pastel, de son nom latin, isatis tinctoria, qu’on appelle aussi guède. On peut encore la trouver à l’état sauvage dans nos campagnes. Longtemps, elle a été la seule source de bleu en France, pour disparaître au profit des plantes à indigo plus exotiques, puis de l’indigo de synthèse. Aujourd’hui elle connaît un renouveau avec le retour de la culture du pastel en France, grâce à des petits groupes de producteurs.

Pastel de teinturiers très utilisé en teinture végétale
Fleurs de pastel

Le jaune, vous l’aurez compris, est une couleur éminemment locale liée à la biodiversité de notre flore. Mais des surprises surviennent parfois comme le phytolaque qui permet d’obtenir un beau violet.

Une couleur souvent malmenée autrefois, peut être parce que facilement accessible. Aujourd’hui, une couleur pleine d’avenir comme nous le dit magnifiquement Michel Pastoureau sur France Inter.

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